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Jean-Pierre Giolitto : Réflexions sur l’Alchimie et ses pratiques

L’alchimie est une pratique occulte et secrète apparue depuis plusieurs millénaires avant J.C, comme le souligne Jean-Pierre Giolitto, passionné et érudit de la thématique, et surtout développée au Moyen-Age. Elle avait pour buts d’obtenir la pierre philosophale nécessaire à la transmutation des métaux vils, comme le plomb, en or mais aussi la fabrication d’un élixir de longue vie, synonyme d’immortalité et de ce que l’on a appelé la panacée universelle.

Aujourd’hui, celui qui se plonge dans l’Alchimie s’y perd aussitôt. Ici rien de rationnel, encore moins de scientifique, les outils de compréhension habituels sont inopérants. Il est vrai que l’alchimie existait bien avant l’émergence de la science. Il nous faut donc d’autres codes pour la décrypter. Ce sujet nécessite humilité chez celui qui en parle et indulgence pour celui qui reçoit. Il n’est pas question d’exhaustivité ou de délivrer des vérités mais de donner quelques bribes, de dire le plus simplement possible ce que peut être l’alchimie, une sorte d’intuition alchimique.

L’origine de l’Alchimie par Jean-Pierre Giolitto

De source égyptienne, le Dieu Thot (Hermès) enseigna les secrets permettant d’établir un pont entre le ciel et la terre, pour établir la communication avec le Divin. On distingue l’Art Sacerdotal réservé aux prêtres avec un aspect mystique et l’Art Royal des Rois et Pharaons avec un aspect pratique et spirituel.

Cet ésotérisme est une doctrine secrète, réservée aux adeptes, initiés ou philosophes (autre nom des Alchimistes), ayant reçu la connaissance par un enseignement initiatique.

Il y a séparation de ce qui est apparent (exotérique) de ce qui est caché (ésotérique), cela permet d’aborder la connaissance du Monde et de soi-même.

Le mot Alchimie est la traduction du mot arabe al’kimiya effectuée par les bénédictins de l’abbaye du Mont Cassino.

L’origine gréco-égyptienne de l’alchimie occidentale continue à être privilégiée, en ce sens que la « Terre noire » d’Egypte aurait été l’humus où se serait développé l’Art sacré ultérieurement connu en Occident sous le nom d’alchimie : « Comme l’Egypte est une terre noire, aussi foncée que la prunelle de l’œil, les Égyptiens donnent à cette contrée le nom de Chémia et la comparent à un cœur » (Isis et Osiris, § 33).

L’action de transformation des métaux et des végétaux est fondée sur l’idée d’en développer de multiples usages au service de l’homme.

La pratique de la science secrète que les arabes découvrirent en fréquentant les cercles initiatiques du Moyen Orient s’inspirait de la philosophie héritée de Pythagore et de Platon. La transmission de la doctrine s’effectue oralement. Comme ça a été pour Jean-Pierre Giolitto.

Chez les anciens Égyptiens, l’inventeur et le premier propagateur des Arts Sacrés est Thot (incarnation de la sagesse, médiateur entre le ciel et la terre, le divin et l’humain). Thot désigna les premiers prêtres. Il leur enseigna les sciences et les arts et leur confia les secrets grâce auxquels ils auraient la capacité d’établir un pont entre la terre et le ciel et ainsi communiquer avec l’essence primitive, le divin. Il leur transmit aussi une écriture sacrée, les hiéroglyphes, qui devait leur permettre de ne pas perdre leur savoir tout en protégeant les secrets. Les égyptiens nommèrent cet Art, Art Sacerdotal, lequel englobait tous les sciences et arts. Une distinction s’établit entre cet Art Sacerdotal, Art de la relation mystique avec les réalités invisibles et les lois essentielles du Cosmos, réservé aux prêtres et un Art Royal sous l’autorité des Pharaons. Cet Art Royal (dont « découle » l’Alchimie) comprend tous les autres arts et sciences qui sont des outils de connaissance, de dévoilement et de perfectionnement tant de la nature que de l’homme.

L’Alchimiste réaffirme la séparation Matière–Esprit mais sans les opposer, et réaffirme le principe de la Manifestation : Terre et Ciel ou 2 Mondes. Ainsi, l’Homme, en s’extrayant et en dépassant la matérialité–Raison retrouve un chemin sensible, intuitif, spirituel, harmonieux, à la recherche d’un sens à sa vie.

Conditions et principes définissant l’Alchimie

  1. L’Alchimie est une Gnose (de Gnosis : Connaissance). Son but : s’identifier à l’objet de sa recherche et en particulier à soi-même. Travailler sur la pierre revient à travailler sur soi. L’Alchimiste reprend à son compte l’épitaphe du Temple de Delphes : « Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’Univers et les Dieux. » La table d’Emeraude, principal texte Hermétique, reprend la même idée : « Tout ce qui est en haut est comme (ou le reflet) de ce qui est en bas. »
  2. Le Monde est un Ordre : c’est la manifestation de l’Esprit Divin présent en toutes choses.
  3. Le Monde présente un principe d’Unité. Le Principe est Un : C’est le miracle d’UNE seule Chose dit la Table d’Emeraude. Citation alchimique : « Lumière, Ténèbres, Forme, Matière, Mâle, Femelle, Soleil, Lune sont une seule et même chose. »
  4. L’Unité du Monde découle de la Matière première. La Loi Unique (Matière) correspond avec les lois multiples de la manifestation.
  5. Macrocosme et Microcosme expriment l’Unité, mais ils se répondent en analogie : « Tout ce qui est en bas est comme tout ce qui est en haut » Il y a l’idée de reflet. Ainsi en bas : La Terre, L’homme, le Microcosme répondent à ce qui est en haut : Ciel, Univers, Macrocosme.
  6. L’Homme est au centre du monde (concept de Géocentrisme). Il a reçu l’Esprit qui est l’essence du monde. Selon l’ésotériste René Guénon : « l’Esprit est l’essence de l’homme, le Corps sa substance ».
  7. Le but de l’Alchimie : Aller vers la perfection ou la Sagesse (Alchimie spéculative). Il faut séparer le pur de l’impur et réaliser son propre Grand Œuvre pour obtenir un état d’harmonie spirituelle. L’alchimiste se libère de sa gangue matérielle, c’est une nouvelle naissance, il s’agit de reconstituer la nature première de l’Homme.

Buts de l’Alchimie opérative

Le but de d’Alchimie est de reproduire, accélérer et perfectionner les lois de la Nature. Il s’agit de réaliser le grand œuvre, c’est-à-dire transmuter les métaux en or, métal parfait et pur par excellence.

Les métaux extraits de la Terre sont vivants et en lente maturation vers l’état idéal de l’or, le travail de l’alchimiste sera de reproduire et d’aider la nature en accélérant le processus (c’est faire mûrir le métal). Il devra d’abord purifier le métal avant de le transmuter. En fait, l’alchimiste imite la création du monde.

La Matière première : point de départ de la création

Hylé est un principe obscur, matériel qui précédait la matière première (création ex Deo). De ce principe, le Créateur créa un abîme informe sans ordre : la matière première ou prochaine ou substance universelle : « Une fumée noire contenant un esprit engourdi de froid et de ténèbres ». Elle contient toutes les formes en puissance (toutes les potentialités sont déjà là). Cette matière est mise en mouvement par une force universelle ou souffle de Dieu.

La Lumière apparaît d’un seul coup, va donner forme à la matière première et va constituer les 4 éléments. On assimile cette lumière au sang, c’est un principe de vie. Cette matière est une Matière–Esprit.

Les 4 éléments ou états : Feu, Air, Eau, Terre, sont 4 états et non 4 constituants de cette matière avec 4 qualités : chaud, froid, humide et sec. Ils constituent le macrocosme auquel s’ajoute le cinquième élément : la quintessence, élément subtil, éthéré qui en assure la cohésion, l’harmonie et la perfection.

Dans le microcosme, on retrouve ces 4 éléments selon le principe hermétique, dans tous les corps constituants l’univers. Chaque être est le reflet en petit du Macrocosme.

  • L’élément Terre : stable et solide correspond à l’homme, il est fixe et récepteur des autres éléments ;
  • L’élément Eau : liquide, c’est une liqueur pouvant dissoudre les corps solides.
  • L’élément Air : état aérien, symbolisé par un oiseau, contient l’esprit vital de toute créature.
  • L’élément Feu : état gazeux et léger, élément le plus pur, est constitutif de l’Âme raisonnable de l’Homme.

Les 3 principes constitutifs de la matière

 

Les 3 principes constitutifs de la matière sont le soufre, le sel et le mercure. Le principe est UN mais mis en œuvre sous une forme ternaire (Ternaire Alchimique).

La création de la pierre philosophale se base sur ces 3 principes constitutifs de la matière. Les principes de base du Grand Œuvre pour obtenir la pierre philosophale sont :

  • Soufre : Association Feu–Air, symbole Soleil : fixe, c’est la force active, principe masculin.
  • Mercure : Association Air–Eau : volatil, principe passif, féminin, lune.
  • Sel : Association Terre-Eau, symbole : pierre, sagesse, Savoir.

Les 3 composants : Corps–Âme–Esprit

 

Tout comme l’Homme, les métaux et la Pierre de l’Alchimiste sont composés ainsi comme le précise M. Giolitto :

  • Mercure = Esprit = vif argent : principe immortel, divin.
  • Soufre = Âme : principe vital : Feu.
  • Sel = Corps : lien pouvant réunir le mercure et le soufre.

Le Sel, c’est l’individu dans sa totalité. Le soufre en est le principe interne et le mercure est l’ambiance subtile. Le sel est le produit de leur rencontre : lumière solaire et réflexion lunaire. Le sel symbolise l’équilibre.

Pratique de l’alchimie, séparation de l’esprit du corps

La pratique alchimique serait de séparer l’esprit du corps de la substance grâce au feu (distillation, sublimation, vaporisation). L’esprit peut être associé à un autre corps ou réintégré à son corps d’origine pour le transformer. Ainsi l’image du Cosmos avec ses 4 éléments et ses 3 principes se retrouve partout, en particulier dans la pierre, le métal et l’Homme.

L’alchimiste mêle étroitement matériel et spirituel. Matière et esprit sont 2 pôles opposés et complémentaires. La manifestation de l’esprit a besoin d’un support matériel et la matière ne se tient que par son contenu spirituel.

Le serpent Ouroboros, symbole de l’alchimie

Le serpent Ouroboros symbolise l’alchimie : les être de la création poursuivent leur existence selon l’esprit divin universel ou Destin. Matière et esprit sont une seule et même chose dans un espace-temps non pas linéaire mais cyclique.

Les 4 éléments forment dans le monde sensible les distinctions de la matière première.

Réaliser le grand œuvre, c’est en explorant les entrailles ; trouver les 4 éléments et les 3 principes pour les travailler : succession de dissolution et de réunification (solve et coagula).

Il y a 3 étapes principales

  1. Œuvre au noir : putréfaction, mort ou séparation. C’est un premier état de conscience du monde de la matérialité pour l’adepte. C’est une mise en condition, un moyen de retrouver une certaine légèreté.

  2. Œuvre au blanc :  deuxième état de conscience qui constitue l’intuition spirituelle de l’adepte.

  3. Œuvre au rouge : état de contemplation ou de réalisation.

Devise de l’alchimiste

Pour conclure cette réflexion sur l’alchimie, Jean-Pierre Giolitto nous précise la devise de l’alchimiste « Ora, lege, relege, labora, invenis » :  prie (l’alchimiste travaille dans un laboratoire ou un oratoire), lis, relis, travaille, tu trouveras (la pierre cachée). De plus, l’alchimiste doit développer différentes qualités comme l’amour, le courage, la patience et ne pas se résigner.

Langage trompeur et sens cachés

Cet article et cette vidéo correspondent parfaitement au court article que j'ai écrit et qui s'intitule How Our System Was Constructed. Cette vidéo est basée sur les travaux de Jordan Maxwell, un autre chercheur perspicace et présentateur de connaissances occultes sur...